JaePapa inquietLa complicité entre toi et Koby n’a jamais cessé de t’adoucir le cœur. Cette journée au zoo, tu la lui avais promise au début de la semaine et il n’avait fait qu’en parler jour après jour avec une excitation indémodable et une joie grandissante qui ont peu à peu provoqué la même hâte chez toi. Les loutres l’ont absorbé. Mais, plus encore, c’est les rhinocéros que Koby attendait, les rhinocéros car ils étaient gros et puissants comme les dinosaures qui avaient dans l'esprit du garçon une place privilégiée.
Tu as regardé Koby se coller à la vitre des pythons, calme et alerte, le regard se détachant quelques fois de lui pour scruter la foule et, à l’occasion d’un de ces regards-là, tu as remarqué que Koby avait lié une amitié fulgurante avec deux petites filles auxquels il semblait raconter quelque chose tout droit tiré de son imagination d’enfant. Attendri, mielleux, tu les as observés de loin en riant avant de remarquer l’attention d’un autre homme que tu as rapidement reconnu être le père des deux jumelles et, sans que tu ne saches trop comment, vous vous êtes finalement rapprochés l’un de l’autre et avez commencé à échanger des banalités de pères inhibés et peu bavards, détonnant étrangement dans tout ce décor de joie.
Ton regard refit la navette entre le visage de Monsieur Montgomery et le lieu où bavardaient les enfants, et soudain, ton cœur manqua un battement. Tu te raidis, te redressas, la nervosité t’enveloppant comme une coulée d’eau tiède de la tête jusqu’aux pieds. Tes yeux cherchèrent, cherchèrent, tes pupilles se resserrant.
« Koby ? » appelas-tu. Mais les enfants n'étaient plus là.
« KOBY ? » Ta voix passait à peine par-dessus le brouhaha de la foule. Alors, oubliant tout autour, tu te ruas vers l’endroit où tu avais vu pour la dernière fois ton fils, subitement désarmé, ahuri.